Jean-Paul Sartre, ce visionnaire

Au commencement, lorsque j’ai connu Facebook, c’était assez cool. J’avais quitté Hi5 qui ne bougeait pas pour venir sur le livre des faces. En 2006, nous n’étions qu’une poignée de jeunes étudiants et rigolions sur des groupes du type « je suis stagiaire et je passe ma journée sur Facebook », « alcohol impoved my foreign languages », « Erasmus was the best part of my life », « Pour la reconnaissance de l’expression « 14h du matin ». [J’étais assez active à une époque sur ces 4 groupes. Hem.]

Puis, en 2008, #LesGens sont arrivés. Ca a commencé insidieusement par une fille que je connaissais en primaire qui m’avait ajoutée et qui racontait des conneries. Puis un relou qui me pokait sans arrêt. Puis une fille qui se morfondait à longueur de temps.

Dernièrement, ma TL parlait couches de bébé, chats, couples qui se parlent sur leur mur alors qu’ils vivent ensemble, de joueurs compulsifs à Farmville ou au poker, de gens au chômage qui passent leur journée sur youtube, de cancer du sein et d’autres spécimens. J’ai donc dernièrement unfriend une bonne moitié des personnes avec lesquelles j’étais amie. Il reste toujours la famille et les bons potes dont tu te passerais bien de savoir qu’ils aiment Secret Story, mais si je les vire je vais me retrouver uniquement avec des gens de Twitter, et comme je leur parle déjà sur Twitter, ben ça ne servirait à rien.

Facebook m’énerve de plus en plus. L’apothéose de mon gonflage est arrivé il y a un mois, quand Mark a mis en place la fonctionnalité que dès qu’un ami commente le statut d’un de amis avec lequel vous n’êtes pas ami, ça remonte tout de même dans votre flux. C’est insupportable.

Ça fait des années que je me dis que je vais me tirer, mais que je reste, car déjà mon groupe d’amies préfère organiser les sorties sur Facebook que par mail comme avant (oui, vous savez, c’était mieux avant) puis il y a ce côté malsain, pervers et voyeur d’espionner ce que font les autres, souvent exhibitionnistes. Ouais, j’assume, je stalke des gens de temps en temps.

Bref, après cet instant psychologie de comptoir, il est temps de vous parler d’un livre très drôle sorti dernièrement : « Et t’es qui toi? ». L’auteure, Mat Hild, a répertorié 50 profils de personnes présentes sur le réseau social.

Un petit extrait  qui m’a fait marrer et que je trouve très vrai :

Le compulsif du statut

Le temps que tu prennes ta douche, le compulsif du statut a déjà publié quatorze actus.

Toi qui es la mesure incarnée, tu pestes à chaque ouverture de ton news feed, qui ne t’affiche que la profile pic du compulsif – lequel, n’ayant jamais réussi à comprendre Twitter, a cru que Facebook fonctionnait de la même façon.

Si le marché du livre n’était pas en crise, tu dirais bien au compulsif de pondre une autofiction, au lieu d’inonder ton mur sur lequel n’apparaît même plus l’horoscope du voisin d’enfance. Faute de mieux, tu as investi dans une souris à mollette depuis que tu as accepté le compulsif, comme ça tu peux faire défiler plus vite sa loghorrée verbale – tu es un être bourré d’astuces.

Le compulsif est un peu le La Tourrette de Facebook ; mais il est bien commode aux heures creuses, et les jours fériés : car lorsqu’il ne se passe rien nulle part, le compulsif continue à publier.

Il s’agit d’un profil là aussi complexe, qui donne du fil à retordre à Lacan et au policier hongrois. Il est parfois très proche de Jackie Sardou. Le parano  et le sous-marin ont des valises sous les yeux depuis qu’ils connaissent le compulsif : le premier traque le pic implicite, et le second l’info croustillante. Le bonnet de nuit  a plus d’une fois sorti son code pénal, tandis que le rigolo  s’éclate avec les statuts format carambar.

Le cavalier seul  a depuis longtemps bloqué  le compulsif, qui restreint l’horizon de sa liberté.

Je retrouve la quasi totalité des amis dans ce bouquin. Je me retrouve moi-même aussi. Hmmmm.

Pour en venir au titre de ce billet, que j’ai voulu genre « oh, enfin un billet littéraire sur MG, qu’est-ce-que ce blog est écléctique et intelligent, je m’en vais le lire de suite! », je suis convaincue Jean-Paul Sartre était un visionnaire et qu’en écrivant que « l’enfer, c’est les autres » dans Huis-Clos, il pensait à Facebook.

Et parce que je vous aime bien, deux exemplaires du livre seront offerts à deux d’entre vous. Pour jouer -et gagner, laissez-moi en commentaire une anecdote rigolote relative à Facebook et partagez le lien du billet sur les réseaux sociaux.

Comme d’hab, tirage au sort via Random.org. Le jeu débute de suite, et se termine mercredi soir 27 juin à 20h.

Edit du dimanche 1er juillet :

Les 2 gagnants sont :

Ibo the Sky  et El Canar.

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