L’étrangère
Aujourd’hui, Mamie est morte.
En fait c’était avant-hier mais pour l’incipit de mon billet c’était mieux de dire aujourd’hui.
Elle était très âgée et en santé plus que moyenne. Ça faisait dix ans que dès que je partais en voyage quelques semaines, je craignais de ne plus la voir et lui disais plus ou moins au revoir. Elle ne nous reconnaissait plus depuis longtemps.
Je suis partie à 15 000 km de chez moi début octobre, et avant de partir, je suis passée à la maison de retraite la voir. Une dernière fois du coup.
J’ai appris la nouvelle par mail et WhatsApp. Pour une fois que ma famille pense à m’avertir d’un événement en temps réel… Il y a une dizaine d’années, j’avais appelé mes parents, on papote, et d’un coup ma mère m’avait dit « au fait, j’oublie de te dire quand on se voit, mais Gilbert est mort, fin octobre. » On était en janvier. P’tain, je l’aimais bien moi, tonton Gilbert, même si je ne le voyais pas beaucoup parce qu’il était loin et qu’il avait été l’un des premiers en France à bénéficier d’une greffe du cœur il y a longtemps de cela alors sa santé n’était pas tip top non plus.
Ma mère a fait un truc du genre dans son mail : elle a mis « Coucou ! » dans l’objet de son message.
Mon frère a eu plus de décence dans le sien : il a commencé par un smiley qui pleure.
Bref, Mamie est morte. Et moi je suis loin. Je n’ai pas été la petite fille parfaite ces dernières années : je n’allais pas la voir régulièrement à la maison de retraite. C’est dur de voir sa grand-mère dépérir, ne plus savoir qui on est. Peut-être aurais-je dû être plus présente malgré tout. Les mamies ne sont pas éternelles.
J’ai écrit un discours que mon frère va lire aux funérailles. On m’avait dit lors du dernier enterrement, celui de mon autre mamie en l’occurrence, que j’étais douée pour écrire les discours mortuaires. J’avais remercié ma tante, celle que je n’aime plus trop depuis qu’elle m’a fait un coup bas lors dudit enterrement d’ailleurs, et m’étais abstenue de répondre « je m’appliquerai peut-être moins pour le tien », parce que mon père avait dû lire dans mes yeux ma vanne à venir et m’avait lancé un regard qui m’avait encouragée au silence.
Bref, Mamie n’est plus, je vais me recueillir à ma façon et éviter de voir tout un pan de famille que j’ai vu la dernière fois en 2006 lors de l’enterrement de mon cousin. On n’est pas très proches dans ma famille. Je les verrai lors du prochain décès, si c’est quelqu’un que j’ai apprécié de son vivant qui meurt. Je ne suis pas de celles qui pleurent le défunt connu du grand public mais pas personnellement. A priori, ça sera un oncle par alliance, que j’ai dû voir trois ou quatre fois dans ma vie. Si c’est lui, pas sûre que j’y aille.
Et oui, l’humour noir est un exutoire. Puis on peut rire de tout, d’ailleurs.
8 comments
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mes très sincères condoléances
Merci Darklinux.
[silence respectueux]
Je sais jamais quoi dire dans ces circonstances, le coup des condoléances c’est trop codifié pour être crédible.
Bisou Geekette.
Je me retrouve pas mal la dedans, ma grand mère ayant été victime d’alzheimer, ce sont des maladies pas évidente à aborder où il est dur d’aller vers l’autre qui ne nous reconnait pas…
Ça me rappelle une très belle musique de Barcella qui s’appelle « Mémé » que je t’invite à écouter.
Biz!
Sois sereine,
Bisous
Mes condoléances :/
C’est hélas une situation qui se produit souvent dans les familles.
Mais l’éloignement physique n’est rien contre l’éloignement moral.
Tu as été une formidable petite-fille même à distance.