Le paranovirus ne me fait plus rire
Je vous racontais il y a deux jours les conséquences du COVID-19 sur ma vie sexuelle. Si vous avez la flemme de lire un billet pas croustillant du tout, je vous la fais courte : je suis en Patagonie chilienne, loin de tout, et je racontais que je ne pouvais pas rentrer parce que la personne qui devait me relever à mon poste ne pouvait pas venir à cause de ce p’tain de virus. Et par conséquent, je ne retrouve pas mon mari, et je ne fais donc pas l’amour après quasi 4 mois d’éloignement de chez moi. Je prenais encore la chose avec légèreté, l’autre soir, même si c’était relatif. Puis au moins, ça me redonne envie d’écrire, de bloguer.
Entre temps, la situation évoluant très vite, je suis passée par des hauts et des bas émotionnels. Le lendemain de la publication du billet, hier donc, nous avons appris que toutes les personnes dont le métier n’était pas vital au fonctionnement de la base allaient être évacuées, même sans relève. j’en fais partie, parfait. Je devais partir le 20 mars initialement, on nous a dit que peut-être ça serait peut-être le 21 ou le 22, maximum. Très bien.
Mais un nouveau cas se serait déclaré aujourd’hui dans un village à quelques centaines de kilomètres de notre base. Tout s’est très vite décidé et un bateau est venu nous chercher pour que l’on file rapidement à Valparaiso, avant que le Chili ne ferme ses ports et aéroports. Nous étions prévu.es d’arriver le 18. Je n’ai jamais organisé un départ aussi rapidement, dans le stress. Au dîner, nous avons appris que deux navires à passagers qui remontaient la côte devant nous avaient été mis en quarantaine. Ce soir, l’ambiance à bord était plus légère, on a joué au tarot, bu des coups, rigolé. Puis après notre soirée cartes, on regarde les infos (si ça peut aider, ce site d’actualités chiliennes) et là le couperet est tombé : les autorités chiliennes ont décidé de fermer leurs ports. Tout comme le Pérou, et l’Equateur. L’Argentine, c’est tendu aussi, d’autres navires se sont fait recaler, et d’Uruguay aussi.
J’écris ce billet un peu à chaud. Il est minuit et demi, et j’imagine que le Commandant est en cellule de crise. Nous n’avons pas d’informations. Je ne sais pas si nous allons redescendre naviguer dans les canaux chiliens (après tout, quitte à ne pas pouvoir débarquer, autant faire du tourisme et la région est quasi inhabitée), faire des ronds en mer, rentrer en Europe en bateau (minimum 25 jours de mer apparemment). Ce qui me stresse le plus, ce n’est même pas le virus en lui-même, c’est la psychose autour. Pénélaud me dit que je passe trop de temps sur des bases isolées en huis-clos, en n’ayant qu’un vague oeil sur l’actualité et que je me la prends en pleine face deux mois et demi après l’apparition du virus. Peut-être.
J’avoue ne plus rire du tout.
9 comments
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Et la grippe aviaire ? Elle ne te fait pas rire non plus ?
J’essaie d’avoir du recul par rapport à ça… Même par rapport au Covid 19. Le médecin de la base me dit que la grippe fait plus de dégâts que le coronavirus !
Ton médecin est inconscient… La grippe ne se propage pas aussi vite et n’a pas 2% de mortalité. (De souvenir ce doit être 0,1%)
Il prend un peu la chose avec légèreté comme beaucoup de monde d ailleurs…
Mais ça devrait bon d’ici 2 mois… ( et C’est pas de l’ironie)
Allez, pense à l’énorme partie de jambes en l’air que tu fera en arrivant…! tu va rester 4 jours au lit… 😉
Courage! Ici, l’ambiance est pesante aussi… Bises !
Une semaine oui…
Mais pas avant un mois… je rentre en bateau…..
Salut !
Malgré le manque que tu subis, tu peux t’estimer « heureuse » car en France on est tous confinés et je peux te dire que c’est pas drôle…. avec 100 morts de + tous les jours ça commence à faire flipper 😰 prends ton mal en patience et quand tu rentreras j’espère que le plus dur sera derrière nous 🤞🙏 bon courage à toi et penses aux retrouvailles avec ton mari qui seront encore meilleures 😉😘
Le bateau a t-il accosté en France ?
C’est très intéressant de lire cet article lors du déconfinement. D’abord parce que c’est complètement honnete et sincère, ce que j’apprécie énormément.
Puis parce que je me rends comptes que cela a également affecté mon entourage dans leur intimité. Vous n’imaginez pas le nombre de femme qui ont leur menstruations déréglé à cause du COVID, du confinement et de la peur que vous appelé justement paranovirus.
J’ai entendu ça… C’est souvent que nos cycles se perturbent quand notre vie l’est !