De mon apaisement
Je racontais ici il y a deux ans (déjà) mon histoire compliquée avec un homme violent –Monsieur Compliqué.
Je n’ai raconté cette histoire qu’à peu d’ami.e.s. Et ici. Le confort de l’anonymat… même si avec le temps, je dois être la blogueuse anonyme la moins anonyme du net ^^. J’ai été effarée de voir que la quasi-totalité de mes copines ont eu un taré dans leur vie.
L’hiver dernier, j’ai rencontré un ancien flic reconverti en guide kayak avec lequel j’ai beaucoup parlé. Le sujet des violences conjugales est venu sur le tapis un soir, et je lui ai raconté mon histoire. Il m’a conseillé de porter plainte, même trois ans et demi après les faits. Le temps que je rentre en France, ça faisait quatre ans. Mais c’était fin avril, alors confinement, tout ça.
J’ai fait quatre tentatives de dépôt de plainte au commissariat avant d’y arriver.
La première, c’était un soir de mai. Mais la personne qui prenait les dépôts de plainte n’était pas là. La deuxième fois, c’est de ma faute, je pensais avoir mon passeport sur moi, et en fait non. La troisième, je suis arrivée à 17h30 et le policier m’a dit honnêtement qu’il terminait à 18h et que le dépôt de ma plainte prendrait plus d’une demi-heure, et qu’il avait un impératif personnel. Je l’entends. Mais quand je lui ai dit que les faits remontaient à quatre ans en arrière, il m’a dit que c’était trop tard pour déposer ma plainte. Je lui ai dit que non. Il a appelé son chef pour vérifier, et a dit « j’ai une dame qui veut déposer plainte pour humiliations, c’est quoi le délai ? ». J’ai rectifié, « violences conjugales, pas humiliations », merci.
Mais la quatrième fois, je suis arrivée à 9h un matin, et à 11h30, quand j’en ai eu vraiment assez de voir plein de personnes arrivées bien après moi repartir bien avant moi -même si leurs histoires étaient plus actuelles que la mienne, le flic de l’accueil m’a avoué m’avoir oubliée. J’étais bien agacée, il m’a filé un rendez-vous… qu’ils ont oublié. Quand je me suis pointée une cinquième fois début septembre, je n’apparaissais pas dans le planning. Heureusement, il se souvenait de moi, et m’a fait passer.
Ce n’est pas simple de déposer plainte, même quatre ans après. Je n’ose pas imaginer quand c’est à chaud. Le policier m’a demandé de tout lui raconter. Je me suis ainsi replongée dans l’histoire. J’avais amené une pompe, comme au lycée des notes, j’avais au préalable -en mai donc, retracé chronologiquement les faits. Replonger dans ces énergies négatives, ce n’est pas très agréable.
Lorsque j’ai répondu au policier, qui me demandait si à cette époque nous couchions toujours ensemble, que je lui ai dit que non, il s’est permis de me donner un conseil : « vous savez, le sexe relaxe les hommes, ils sont moins colériques après ». Ha, merci. Je vous transmets ce conseil, donc. Baisez avec votre partenaire violent, peut-être que ça le calmera.
Il a aussi commenté par un « ha, les femmes… » quand je lui ai dit que j’étais retombée dans le panneau et surtout dans son lit six mois après l’avoir quitté. Je m’en serais bien passée de ce commentaire.
Il m’a dit que mon ex sera convoqué dans les semaines à venir, et que peut-être nous serons confronté.e.s.
Bref j’ai déposé ma plainte. J’en suis sortie tellement libérée… La sensation d’avoir avancé.
Septembre est passé.
ET ET ET…
Il y a quelques jours, soit fin septembre, alors que j’allais courir avec ma cousine, nous sommes passées devant le commissariat, un peu par hasard en plus. Je l’ai vu, là. Il était au téléphone. Je me suis figée quelques secondes. J’ai dit « putain c’est lui. », elle a dit « oh putain c’est lui. », elle m’a tirée par le bras, on est parties en courant. J’y ai pensé toute la journée.
La probabilité que je le croise à cet endroit précis, à ce moment précis… Un joli signe…
Histoire d’entériner l’affaire et de fermer enfin pleinement ce mauvais chapitre, je suis allée coller -ha, je ne vous ai pas dit, je fais partie du collectif Collages féministes de ma ville- deux slogans à côté de son bureau. J’aurais aimé être petite souris le lendemain matin quand il arriverait, histoire de voir sa tête.
Je suis rentrée chez moi sereine et légère après ça.
4 comments
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Très bien !
(C’est ce qu’il m’apparaît pour toi – pas au sujet de la police…)
Wow. J’ai du scroller en haut de l’article pour vérifier qu’il n’avait pas été posté en 1950 à la lecture des « conseils » du flic. Y’a encore du boulot…
En effet, on n’en a pas terminé avec la lutte féministe…
Excellent merci pour tes conseils 🙂